Hommage à Mme la Pre Juliane Léger

Mesdames, Messieurs, Chères et Chers Collègues,

C’est avec la plus profonde tristesse que nous vous annonçons le décès de Madame la Professeure Juliane Léger, survenu le 27 septembre dernier à l’âge de 71 ans.  Pédiatre, Professeure de classe exceptionnelle en Biologie du Développement à l’Université Paris Cité et membre éminente du service d’endocrinologie-diabétologie de l’hôpital Robert-Debré, elle incarnait avant tout l’excellence en endocrinologie pédiatrique.

Elle a consacré toute sa carrière et son énergie à cette discipline, apportant dans chacun de ses domaines une contribution majeure, en particulier dans les maladies thyroïdiennes, les maladies de la croissance, le déficit en vasopressine, et les pubertés précoces. La Pre Juliane Léger témoignait aussi d’une volonté farouche de transmettre sa discipline et a joué un rôle essentiel dans la formation des jeunes médecins, en France, en francophonie et à l’international.

La Pre Juliane Léger a effectué toute sa carrière à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Après un internat de pédiatrie, elle a été nommée cheffe de clinique en 1984 à l’hôpital Necker et a rejoint l’hôpital Robert-Debré lors de son ouverture en 1988. Elle y a été nommée Praticien Hospitalier en 1990, Professeure des Universités en 2003, et membre de l’unité mixte Inserm-Université Paris Cité U1141.

Nous saluons avec émotion son engagement à promouvoir une médecine de qualité, basée sur les preuves et la plus haute exigence scientifique. Il est difficile de dresser une liste exhaustive de ses contributions mais nous pouvons saluer son rôle fondamental dans le développement du dépistage de l’hypothyroïdie congénitale en France et en Europe et dans l’amélioration de l’état de santé de ces patients tout au long de leur vie, par des travaux très originaux sur leur devenir à l’âge adulte. Elle a contribué au développement et au bon usage des traitements par hormone de croissance dans de nombreux domaines, tant dans le déficit en hormone de croissance que dans d’autres situations comme l’enfant né petit pour l’âge gestationnel, et plus récemment chez les patientes et patients souffrant d’anorexie mentale. Elle a permis de développer l’analyse de grandes cohortes de patientes atteintes de syndrome de Turner et d’autres maladies rares et a participé au développement des connaissances dans le domaine des variations du développement génital. Dans le domaine des pubertés précoces, elle a contribué à améliorer la connaissance épidémiologique, à identifier les formes familiales et les causes génétiques, et à identifier les conditions du bon usage des traitements. Elle a fait évoluer la prise en charge de la maladie de Basedow de l’enfant en identifiant les différences avec la maladie de l’adulte et leurs conséquences sur la prise en charge. Outre ses travaux de recherche originaux, Juliane Léger a participé à un nombre important de conférences de consensus et de recommandations qui contribuent aujourd’hui à la qualité des soins au niveau international.

Juliane Léger était un mentor extraordinaire pour les jeunes médecins de la discipline. On ne compte pas le nombre d’internes, assistants, stagiaires étrangers, qu’elle a encadrés pour des thèses, mémoires, articles. Ce mentorat, toujours dans la bienveillance, lui a permis de tisser des liens d’amitié durables avec de très nombreux collègues, en France, en Europe et au-delà. Juliane Léger était passionnée d’enseignement, tant dans le service, aux internes et externes, que dans le cadre du DIU d’endocrinologie pédiatrique. Elle a notamment fondé, avec le Pr Malcolm Donaldson, lui aussi récemment disparu, dans le cadre de la Société Européenne d’Endocrinologie Pédiatrique (ESPE), la Maghreb School d’endocrinologie pédiatrique, destinée à promouvoir le développement de la discipline au Maghreb et plus largement en Afrique francophone.

Juliane Léger a joué un rôle crucial dans le développement de la prise en charge des maladies rares, dans le domaine de l’endocrinologie et de façon transversale dans le GHU APHP. Nord Université Paris Cité. Elle a créé et développé le Centre de Référence des Maladies Endocriniennes Rares de la Croissance et du Développement (CRESCENDO) dès 2005, dont elle a assuré la coordination jusqu’en 2023. Elle a contribué à l’établissement de la Filière CRMR Firendo, comme coordinatrice adjointe de 2013 à 2022. Dans le GHU, elle a participé à l’établissement de la plateforme maladies rares dont elle a été coordinatrice.

Médecin d’une grande rigueur et d’une profonde humanité, elle a accompagné de très nombreux patients, qui lui étaient très attachés. Assister à ses consultations était riche d’enseignement, tant sur le plan médical que sur le plan humain. Au cours de sa carrière, la Pr Juliane Léger a reçu de nombreux prix parmi les plus prestigieux de notre discipline, et en particulier le prix Andrea Prader de l’ESPE, la plus haute distinction dans le domaine de l’endocrinologie pédiatrique.

A son époux, Jean-Marc, à ses filles, Sophie, Pauline et Alice, à ses petites-filles, et à ses proches, nous adressons nos très sincères condoléances et nous nous joignons à leur peine. Nous nous sentirons toujours privilégiés d’avoir eu la chance de travailler au côté d’une femme aussi exceptionnelle. La Société Française de Pédiatrie, aux côtés de l’équipe médicale et paramédicale de l’hôpital Robert-Debré, s’associe à cet hommage et témoigne de son profond respect et de l’héritage scientifique et humain que la Professeure Juliane Léger laisse à la pédiatrie. Son engagement continuera d’inspirer les futures générations dans la communauté d’endocrinologie pédiatrique, en France comme à l’international.

Jean-Claude Carel, Laetitia Martinerie, Élise Bismuth, Laura Atger, Ahlam Azar, Elodie Fiot, Caroline Storey, au nom de l’équipe médicale et paramédicale du service, et la Société Française de Pédiatrie.

JulianeLEGER